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8 septembre 2017 5 08 /09 /septembre /2017 21:37

Une fois n’est pas coutume, je m’écarte de mon sujet de prédilection habituelle pour rendre hommage à deux monstres sacrés (dans leur domaine). Leur nom vous est très probablement inconnu, et je parierais bien que leur tête ne vous fait pas particulièrement rêver :

Il s’agit de Marie-Claire Alain et de André Isoir, qui comptaient parmi les plus grands organistes français. Ils étaient au sommet de leur art quand est arrivée la révolution de l’enregistrement numérique, et ont laissé une discographie impressionnante, comprenant notamment pour chacun d’eux une intégrale de l’œuvre pour orgue de Jean-Sébastien Bach.

Comme un certain nombre d’amateurs, dans l’œuvre de Bach, je suis fasciné par son « Art de la fugue » (référencé BWV 1080). C’est une œuvre composée de 20 fugues, publiée à la mort du compositeur, œuvre ouverte qui ne spécifie ni l’ordre des fugues, ni leur tempo, ni l’instrument avec lequel les jouer ! Marie-Claire Alain et André Isoir en ont livré chacun d’eux leur propre interprétation, avec des différences notables. Je trouvais que les deux interprétations avaient chacune leurs qualités et leurs défauts, et j’aurais aimé avoir une interprétation qui n'ait que les qualités des deux interprétations… et finalement je me suis fait ma propre compilation en piochant dans chacune.

Il a d’abord fallu choisir l’ordre des fugues : celui de Alain, celui de Isoir, ou mon propre ordre ? L’ordre de Alain m'a séduit, c’est celui que j’ai retenu. Puis, il fallait choisir pour chaque fugue l’interprète, et le tempo. Normalement, choisir l’interprète c’est aussi choisir le tempo qu’il a adopté, mais je me suis quand même essayé (avec le logiciel Audacity) à modifier le tempo d’un interprète pour le ramener au tempo de l’autre interprète (sans modifier la hauteur), puis à comparer les 4 interprétations ainsi obtenues pour chaque fugue. En fait, la modification du tempo n’est jamais une réussite ! Non pas techniquement, mais le résultat paraît toujours artificiel, désincarné. Il ne restait qu’à choisir pour chaque fugue, la version originale d’un des deux interprètes. J’ai retenu 7 fugues jouées par Alain et 13 jouées par Isoir, selon le tableau ci-dessous. Et le résultat a largement dépassé mes espérances ! Tout paraît tellement parfait…c'est BEAU.

 

PisteIssue de
1Piste N°1 du disque de Isoir
2Piste N°2 du disque de Isoir
3Piste N°3 du disque de Isoir
4Piste N°4 du disque de Alain
5Piste N°6 du disque de Isoir
6Piste N°7 du disque de Isoir
7Piste N°5 du disque de Isoir
8Piste N°8 du disque de Alain
9Piste N°19 du disque de Isoir
10Piste N°10 du disque de Alain
11Piste N°11 du disque de Alain
12Piste N°12 du disque de Isoir
13Piste N°13 du disque de Isoir
14Piste N°14 du disque de Alain
15Piste N°14 du disque de Isoir
16Piste N°16 du disque de Alain
17Piste N°8 du disque de Isoir
18Piste N°18 du disque de Alain
19Piste N°10 du disque de Isoir
20Piste N°16 du disque de Isoir

 

Enregistrement de Alain : 1992

Enregistrement de Isoir : 1999

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9 septembre 2016 5 09 /09 /septembre /2016 20:40

 

Le récent débat sur les arrêtés « anti-burkini » de cet été a donné lieu à des échanges très politiques, mais en laissant de côté certains aspects philosophiques qu’il me semble important de développer.

 

Les défenseurs de l’annulation des arrêtés municipaux ont, de façon très prévisible, mis en avant deux points. Le premier, juridique, qui a emporté la décision devant le Conseil d’État pour l’annulation de l’arrêté de Villeneuve-Loubet, consiste en l’absence de trouble à l’ordre public avéré au moment de la publication de l’arrêté. Je ne me prononcerai pas sur ce point.

 

Ces mêmes défenseurs (imams, avocats), en habiles rhéteurs, ne se sont également pas privés de mettre également en avant un deuxième point, qui est l’atteinte à la liberté de culte, dans le cadre de la laïcité telle qu’elle est définie en France : liberté d’exercer un culte, de changer de culte ou de ne pas en avoir.

 

Au nom de ce principe de laïcité, que j’accepte volontiers, je vais ouvrir une parenthèse rapide pour tordre le cou à la « France chrétienne ». Contrairement à ce que font certains (vous savez, ceux qui disent aux français musulmans qui habitent dans leur quartier, de retourner dans leur pays s’ils ne sont pas contents !), je ne définis pas la France comme étant « chrétienne » ou je ne sais quoi du même genre. La chrétienté n’est pas une norme à laquelle on devrait maintenant se référer pour décider de la justesse de tel ou tel comportement. La France est un espace de droit et de liberté qui n’est pas orienté dans le sens de telle ou telle religion, et qui est censé garantir le libre exercice du culte, ou l’absence de culte.

 

Dans ce qui suit, je vais questionner cette notion de « liberté» concernant l’exercice d’un culte, car je doute que ça soit si trivial que ça. À mon avis, certains aspects méritent d’être regardés de plus près, notamment (ça sera la conclusion), les conditions dans lesquelles la liberté de culte, ou d'absence de culte, peut être réellement garantie.

 

Allons-y dans l'ordre. Et comme à mon habitude quand je parle de culte, je parle uniquement de ce qui se rencontre essentiellement en France, à savoir les 3 grands monothéismes (christianisme, islam, judaïsme).

 

La liberté = le droit de faire ce que l’on veut ?

 

On rappelle que bien évidemment, la liberté, ce n’est pas la possibilité pour n’importe qui de faire n’importe quoi. Derrière la maxime connue « La liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres », il y a l’idée que le législateur peut légitimement restreindre ce qui est autorisé, pour diverses raisons :

  • Pour respecter certains droits fondamentaux des autres (ne pas être dominé, persécuté ou exterminé ; droit à la propriété dans certaines limites),

  • Pour éviter une nuisance pour d’autres (fumée dans un lieu public fermé,…), ou pour l’ensemble de la société (instabilité économique récurrente, pollution généralisée des rivières,…),

  • Conventionnellement, pour faciliter la coexistence (circulation routière à droite plutôt qu’à gauche,…),

  • Etc, le consensus pouvant varier d’un lieu et d’une époque à l’autre.

 

Mais avec l’idée de liberté, il a aussi l’idée que la liberté ne doit pas être limitée arbitrairement, sans nécessité d’intérêt général largement reconnue, en particulier lorsqu’un comportement n’a manifestement aucun effet tangible sur les autres.

 

Peut-on être libre si on n’a pas le choix ?

 

Poser la question, c’est un peu y répondre, non ? Si on n’a pas le choix, je dirais qu’on subit un déterminisme, et qu’on n’est pas libre.

 

Quels que soient les efforts faits, un individu subit nécessairement un certain nombre de déterminismes du fait de sa naissance (son sexe, ses parents et leur environnement socio-économique, son pays). On ne peut pas éliminer tous les déterminismes. Mais ce n’est pas une raison pour en rajouter. Chaque fois que c’est possible, la liberté devrait prévaloir.

 

Qui devrait être libre : le groupe (promoteur d’un culte) dont fait partie l’individu, ou l’individu lui-même ?

 

Nos rhéteurs médiatiques ont soigneusement éludé cette question. Dommage !

 

Je défends qu’il faut toujours, d'une façon générale, viser l’intérêt des individus (des personnes) avant celui des groupes. Parce que c’est l’individu qui ressent, qui est conscient (qui voit, qui pense, qui ressent des émotions, etc), pas le groupe. C’est l’individu dont les droits doivent, in fine, être garantis.

 

Or d’une façon générale, un groupe a un pouvoir de coercition sur ses membres ; il l’exerce pour satisfaire ses intérêts propres.

 

Il arrive que les intérêts du groupe et les intérêts de ses membres se recouvrent largement. Pour prendre un exemple biologique : un organisme vivant multicellulaire dispose de mécanismes de répression très efficaces pour empêcher la prolifération anarchique de certaines cellules en son sein. Si ces mécanismes sont défaillants, cela entraine la mort de l’organisme, et donc des cellules qui le composent. Les intérêts des cellules et de l’organisme se rejoignent.

 

Mais ce n’est pas le cas général : un groupe, pour satisfaire ses intérêts propres, peut limiter de façon très importante la liberté individuelle de ses membres, sans que cette privation de liberté individuelle soit compensée par un bénéfice individuel. Laisser un groupe exercer un pouvoir sur ses membres, c’est donc potentiellement amoindrir leur liberté individuelle.

 

Il faut alors se poser la question suivante : l’adhésion au groupe résulte-t-elle d’un choix individuel éclairé, ou d’un déterminisme ?

 

Si l’individu peut choisir en connaissance de cause d’entrer dans un groupe, et en sortir librement, il n’y a pas réellement de problème. Par exemple, à l’exception de quelques rentiers, dans un ménage, au moins un des deux adultes est obligé d’avoir une activité rémunérée. Mais il est généralement possible de choisir son employeur (dans certaines limites), en acceptant en connaissance de cause la perte de liberté qui en résulte (temps donné à l’employeur), compensée par l’avantage de l’appartenance au groupe (le salaire). Si la relation employé/employeur est équilibrée, l’échange est acceptable. Et si à l’usage, l’employé finit par ne plus voir d’avantages suffisants à la relation, il lui est possible de se trouver un autre employeur et de démissionner du premier. Ou de se mettre à son compte.

 

À l’inverse, on a un sérieux problème quand l’appartenance au groupe est totalement subie, que individu n’a pas réellement le choix ni d’y entrer ni d’en sortir, et que l’appartenance au groupe lui est désavantageuse (par exemple, parce qu’elle lui interdit de faire ce qu’il aurait pu vouloir faire en l’absence d’appartenance au groupe). Ce genre de situation doit être banni. Un groupe ne peut pas arbitrairement décider du sort d’un individu, décider de ce qui est bien pour lui et restreindre ses libertés au-delà des restrictions universellement acceptées au sein de sa société civile, reconnues comme telles par la législation.

 

Comment garantir la laïcité dans une société de citoyens libres et égaux ?

 

Résumons certains points-clé développés ci-dessus :

  • Il faut garantir la laïcité, c’est-à-dire la liberté d’exercer un culte, de changer de culte ou de ne pas en avoir,

  • Il n’y a pas de liberté sans choix,

  • C’est l’individu qui doit être libre, donc qui doit choisir.

 

L’État a ici pour rôle de garantir que ses citoyens –les individus– aient le choix, et qu’ils puissent choisir en connaissance de cause, de façon éclairée. Pour bien saisir comment ce choix peut être concrètement garanti, il faut en préambule rappeler le contenu du choix qui est proposé, et comment fonctionnent actuellement les cultes par rapport à ce choix.

 

Contenu du choix

 

Le choix qui est proposé, c’est celui d’avoir un culte (avec plusieurs sous-choix possibles) ou de ne pas en avoir. Au cœur de ce qui est en jeu, se trouvent la conception de la Vérité que l’on se donne, et la façon d’utiliser son cerveau (sur le « domaine de compétence » du culte, qui peut être assez vaste). La présentation que je vais faire de l’alternative est peut-être caricaturale et manichéenne, mais les différences existent bel et bien.

 

En l’absence de culte, rien ne vient brider la possibilité pour le cerveau de concevoir la vérité (sur toute chose de l’Univers) comme une construction humaine, qui se prête à la discussion, qui peut être remise en cause par des faits ou une approche différente. Une vérité n’est jamais définitive, mais on peut toujours échanger sur la vérité. Cela incite à la modestie. Il ne s’agit pas de douter de tout (de ne jamais rien tenir pour vrai, ce qui inhiberait l’action), mais d’être capable de questionner les vérités d’aujourd’hui, qui peuvent se révéler les faussetés de demain. Bref, d’être capable à la fois d’esprit critique et d’ouverture (ce que je tiens pour vrai est peut-être faux, l’autre a peut-être raison).

 

À l’inverse, la vérité d’un culte (sur son vaste domaine de compétence) est une vérité révélée : c’est une vérité intangible, donnée une fois pour toutes. L’Enfer et le Paradis existent ; il existe une entité supérieure, omnisciente et omnipotente ; on peut transformer du vin en sang ; tel personnage est né d’une mère n’ayant jamais eu de relation sexuelle ; les espèces n’ont jamais évolué, etc. Dans ces conditions, je ne peux pas être acteur de la vérité par l’utilisation de mon esprit critique et ma réflexion, je ne peux que la subir passivement. Une oligarchie détient la vérité et la dispense aux autres. Ma pensée, c’est celle de mon directeur de conscience, sans qu’il y ait place pour le doute. En fonction des vérités du culte, certains comportements individuels deviennent obligatoire, d’autres interdits : je dois faire couper le prépuce de mes garçons, je ne dois pas coucher avec une personne du même sexe, etc. L’arbitraire remplace la raison.

 

Les problèmes qui découlent de ce type de vérité sont dommageables, pour l’individu lui-même voire parfois pour l’ensemble de la société. Sans prétention d'exhaustivité :

  • La vérité d’un culte n’est pas la même que celle d’autres cultes, ou que d’autres personnes sans culte. Or, si j’ai un culte, ma vérité est révélée et intangible ; c’est donc nécessairement moi qui suis dans le vrai, et ceux qui n’ont pas le même culte que moi sont nécessairement dans l’erreur, sans aucun doute possible. Adhérer à un culte revient donc à établir une hiérarchie entre les membres de son culte d’une part, et les autres personnes d’autre part (qui sont différentes et inférieures). Se crée alors artificiellement de la distance avec certaines personnes. On a là un terrain favorable au fanatisme (bien que le fanatisme ne vienne pas toujours d’un culte : le stalinisme était un fanatisme sans base religieuse aucune). Sans parler de fanatisme, chaque adhérent d’un culte peut se demander si, toutes choses égales par ailleurs, il préfère au fond de lui que son fils ou sa fille se marie avec une personne du même culte, ou ça lui est complètement égal. Pour citer Régis Debray : "La fonction de Dieu est profondément ambivalente. Elle assure la cohésion du groupe, mais en même temps le sépare du voisin, de l'adversaire. Penser une adhésion sans rupture, c'est penser le jour sans la nuit." 

  • Tous les cultes (du moins les trois dont je parle) considèrent, d’une façon ou d’une autre, la femme comme inférieure à l’homme. Et interdisent aux femmes l’accès à la plupart des fonctions ecclésiastiques.

  • Les interdits religieux peuvent priver les individus de certains plaisirs sans préjudice social (exemple la consommation (modérée !) de boissons alcoolisées, pour ne donner qu’un exemple.

  • Plusieurs études accréditent l’idée d’une corrélation inverse entre QI et religiosité. Certes l’intelligence (au sens large, y compris la capacité au bonheur) est loin de se réduire au QI. Il n’en reste pas moins qu’il est tendant d’interpréter cette corrélation comme une relation de cause à effet entre le système de vérité des cultes (qui défavorise l’esprit critique) et le QI résultant chez ses membres. Voir par exemple http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/08/14/cqfd-les-religieux-sont-moins-intelligents-que-les-athees-affirme-une-etude/.

On le voit, le choix n’est pas neutre ! Raison de plus qu’il y ait un vrai choix individuel éclairé.

 

Fonctionnement des cultes par rapport au choix

 

Tout est fait dans le fonctionnement des cultes pour qu’il n’y ait aucun choix. Dans leur immense majorité (avec quelques exceptions), les adeptes d’un culte ne l’ont pas choisi, ce sont leurs parents qui ont décidé pour eux. Et qui ont donné leur culte à leurs enfants, bien entendu…

 

Avant que les enfants puissent faire leur choix, ils se voient imposés un culte, qui modèle le fonctionnement de leur cerveau de telle façon leur possibilité de faire un choix plus tard est restreinte, voire annihilée. En somme, au lieu de traiter leurs enfants en futurs adultes libres et autonomes, leurs parents les traitent en objet dont on peut disposer à sa guise pour satisfaire ses lubies. Un peu comme un sportif raté chercherait à faire de son enfant un champion.

 

Comment garantir le choix ?

 

Si l’État veut garantir à ses individus-citoyens le libre choix d'un culte, ou l’absence de culte, il faut qu’il contrecarre le fonctionnement actuel des cultes, qui ne laisse aucun choix. Et ce sans pour autant prôner l’athéisme (ce qui reviendrait à orienter vers un autre choix).

 

Le choix en question est complexe et demande une certaine maturité intellectuelle. Actuellement, un certain nombre de droits ne sont ouverts qu’à l’âge de la majorité (voter, s’acheter des cigarettes, certaines catégories de film, conduire une automobile, s’ouvrir un compte en banque, etc). L’âge précis de la majorité en France (18 ans) comporte une part d’arbitraire et ne tient pas compte des différences individuelles, mais il correspond à une certaine réalité moyenne. Il serait raisonnable de penser que la maturité intellectuelle permettant de faire un choix complexe comme celui d’un culte ou d’une absence de culte, ne soit considérée comme acquise qu’à la majorité.

 

En vertu de ces considérations, on pourrait proposer, pour que le choix se fasse dans de bonnes conditions, de soustraire les enfants mineurs à toute forme d’éducation religieuse ou de cérémonie religieuse. Cette mesure serait plutôt simple à faire appliquer concernant la fréquentation des lieux de culte recensés, et concernant l’enseignement privé. Après, pour ce qui se passe chez les parents, on ne peut pas non plus mettre un micro dans chaque appartement… Bien entendu, l’interdiction de la circoncision pour des motifs purement religieux, déjà prévue par le Code Civil (article 16-3) et par le Code de déontologie médicale (article 41), devra être efficacement appliquée. Sur la circoncision, voir par exemple

http://www.droitaucorps.com/circoncision-masculine-definition.

 

En complément de l’introduction aux religions déjà dispensée par les professeurs d’Histoire, l’enseignement obligatoire devrait également inclure une présentation des différences intellectuelles fondamentales entre culte et absence de culte (contenu à préciser, mais une explication telle que je l’ai ébauchée ci-dessus serait un point de départ). Sans pour autant prôner l’athéisme, il ne s’agit pas non plus de masquer le fait que certaines vérités ne sont absolument pas considérées comme universelles, et que la religion n’a pas le monopole du cœur ni de la morale. Les actuels professeurs de Philosophie semblent être de bons candidats pour cet enseignement.

Si ces conditions de libre choix étaient réunies, ceux que la vue d’un voile hérissent se demanderaient peut-être un peu moins si une femme voilée se voile librement, ou par provocation, ou parce qu’elle y est forcée, ou parce qu’elle s’y sent obligée…

Chiche ?

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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 22:43

J'aime bien visiter les églises. C'est frais, c'est calme. Il y a un côté "pochette surprise" à entrer dans une église qu'on ne connaît pas : à chaque visite, on ne sait jamais ce qu'on va découvrir à l'intérieur. Du triste, crasseux, sombre, banal, austère. Ou alors du propre, riant, original, beau, orné, ou carrément grandiose. Ma préférée toutes catégories confondues : la Sagrada Familia à Barcelone. Et dans le genre modeste : la chapelle qui surplombe le port de La Meule, sur l'Île d'Yeu, avec ses murs blancs et ses petits vitraux simples mais magnifiques.

Visiter une église, c'est aussi une occasion d'exercer le devoir de mémoire. En général, on emploie le terme "devoir de mémoire" à propos de, par exemple, les camps de concentration. Pour dire qu'il ne faut pas oublier la barbarie nazie, que ça nous concerne tous, ici et maintenant, même si c'est d'autres personnes en d'autres temps qui en ont été les victimes.

Concernant les églises, elles donnent l'occasion de penser à certaines autres choses que nous devrions garder en mémoire. La liste serait longue ; je vais me contenter ici d'évoquer, pour leur rendre hommage, les millions de personnes qui, sur plusieurs dizaines de générations, ont fréquenté les églises malgré elles. Je les considère comme des victimes à part entière, oubliées des manuels d'Histoire, mais qui méritent notre compassion. Sans chercher à les dater précisément, je distingue plusieurs époques, avec par ordre chronologique :

  • L'époque de l'oppression d'État
  • L'époque du conformisme général
  • L'époque du conformisme familial

L'époque de l'oppression d'État

 

Fut un temps où, si on n'était pas dans le ligne du parti, il vallait mieux faire profil bas si l'on voulait rester en vie...

John Rawls ("La justice comme équité", section 11.3) explique bien la situation à l'époque médiévale :

"... l'adhésion partagée et prolongée à une doctrine englobante ne peut être réalisée que par l'usage oppressif du pouvoir étatique, avec tous les crimes officiels, la brutalité et et la cruauté inévitables qui s'y rattachent, [...]. Si nous disons qu'une société politique est une communauté lorsqu'elle est unie dans l'affirmation de la même doctrine englobante, alors l'usage oppressif du pourvoir de l'état, avec les maux qui l'accompagnent, est nécessaire pour préserver la communauté politique. [...]. Dans la société médiévale, plus ou moins unie dans l'affirmation de la foi catholique, l'Inquisition n'était pas un accident : la suppression de l'hérésie était nécessaire à la préservation de la croyance religieuse commune."

Et après cette époque, n'oublions pas non plus les guerres de religion, la persécution (en France) des protestants, et la ghettoïsation (en Europe) des juifs.

 

L'époque du conformisme général

 

C'est l'époque où on peut être athée et le dire sans être persécuté par l'État, mais où ça n'est "pas très bien vu", où on se retrouve stigmatisé. Pour les autres, qui ne sont pas pour autant atteints par la foi, il reste cette fréquentation désabusée des églises, magnifiquement évoquée dans la chanson "Ces gens là" de Jacques Brel :

D’abord il y a l'aîné, lui qui est comme un melon

Lui qui a un gros nez, lui qui sait plus son nom

Monsieur tellement qu'il boit ou tellement qu'il a bu

Qui fait rien de ses dix doigts mais lui qui n'en peut plus

Lui qui est complètement cuit et qui se prend pour le roi

Qui se saoule toutes les nuits avec du mauvais vin

Mais qu'on retrouve matin dans l'église qui roupille

Raide comme une saillie, blanc comme un cierge de Pâques

Et puis qui balbutie et qui a l'œil qui divague

Faut vous dire Monsieur que chez ces gens-là

On ne pense pas Monsieur, on ne pense pas, on prie 

 

L'époque du conformisme familial

 

Époque dans laquelle nous sommes encore... Je vais distinguer deux cas.

D'abord les adultes qui n'ont pas plus la foi que ça, mais qui vont à l'église pour les mariages, enterrements, baptêmes. Ils y vont par tradition, sans même se poser la question du décalage entre ce qu'ils pensent vraiment et la véracité de ce qui peut être énoncé dans les églises. Si on leur demandait si dans la vraie vie, on peut transformer du vin en sang, si une femme vierge peut enfanter (sans traitements médicaux complexes !), si un humain peut marcher sur l'eau, s'il peut rescussiter etc, ils répondraient certainement dans leur immense majorité que c'est impossible. Mais ça ne les gêne pas plus que ça d'entendre exactement le contraire dans la bouche d'un prêtre. Ils vont à la cérémonie religieuse parce qu'ils n'ont jamais envisagé l'alternative entre y aller ou pas. Et parce que le sens de ce qui y est dit n'a finalement pas d'importance pour eux, que l'important pour eux c'est juste d'y être. Ça, c'est vraiment l'un des miracles avérés de la religion : arriver à faire cohabiter dans un même cerveau deux systèmes de pensée totalement contradictoires, sans que ça émeuve son propriétaire. Faire accepter l'idée que tout et son contraire peuvent coexister "dans la joie", que l'incohérence manifeste n'a en fin de compte aucune importance. 

Pour ces personnes-là, je dirais qu'il n'y a pas (en fin de compte) de ressenti préjudiciable, même si je m'autorise à penser que ce n'est pas nécessairement dans leur intérêt d'avoir une pensée incohérente et de ne pas faire preuve d'un minimum d'esprit critique.

L'autre cas, ce sont les personnes qui, ayant une pensée unifiée et cohérente, souffrent des incohérences entre le discours râbaché dans les églises, et la réalité du monde. Mais qui s'obligent par conformisme à fréquenter les églises, quand elles n'y sont pas carrément forcées par l'autorité parentale. Pour celles-là, je suis triste. Je leur souhaite de trouver un jour la force de faire valoir leur droit à la différence, et à ne pas se soumettre à des diktats illégitimes.

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 21:00

Je salue au passage le travail remarquable réalisé par le site http://atheisme.free.fr/ : un site très complet sur l'athéisme et la laïcité, une vraie mine ! Toujours dans un esprit très respectueux de toutes les opinions, tout à fait modéré et responsable dans sa forme, pas du tout "bouffe-curé".

 

Lecture hautement recommandée en ces temps d'excès en tout genre...

 

Le site s'enrichit d'ailleurs pour partie avec les contributions des internautes sur le sujet (il m'a fait l'honneur de reprendre quelques articles de citrunch). Si vous avez quelque chose d'intéressant à dire en rapport avec le site, n'hésitez pas à soumettre vos contrinutions !

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 22:25

La couverture du N°1178 de Charlie Hebdo, premier numéro qui a suivi la tuerie dans la salle de rédaction le 7 janvier 2015, a encore fait couler beaucoup de bile, et suscité la polémique.

 

Grosso modo, la question tourne autour de ceci : la caricature de Mahomet, à défaut d’être illégale en France, est-elle une faute morale, dans la mesure où elle blesse certaines personnes ? Doit-on respecter la foi de certaines personnes en s’abstenant de toute caricature ?

 

Voilà qui mérite analyse ! Certains points ci-dessous ont été largement repris des commentaires récents sur l’actualité ; auxquels j’en ajoute d’autres, m’amenant à penser que sous couvert de respecter la foi des autres, se manifeste en réalité de l’intolérance. J’appuie mon discours sur l’actualité, mais on pourra généraliser le propos. Pour des considérations générales sur la tolérance et la laïcité, je renvoie au début de mon article précédent. Les deux dialogues que j'ai inséré plus bas, proviennent du film « Le Nom de la Rose ».

 

De l’absence du délit de blasphème

 

On peut commencer par rappeler ce fait simple : en France, le délit de blasphème n’existe pas. Sauf, par incohérence historique, en Alsace-Moselle. Soit dit en passant, si un jour nos législateurs pouvaient homogénéiser le droit sur ce point (et sur d’autres particularismes de l’Alsace-Moselle, où rien ne justifie une divergence par rapport au reste du territoire), ça serait bien.

 

Donc, blasphémer n’est pas un délit. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un droit ; en tout cas si c’en était un, je ne le mettrais pas au même niveau que le « droit au logement » par exemple. Autant se loger est un besoin fondamental, autant blasphémer n’en n’est pas un (du moins pas aussi universellement répandu que le besoin de se loger).

 

Du non-sens d’un délit de blasphème dans un État laïque

 

Dans un État laïque, il ne peut exister de délit de blasphème, dans la mesure où le contraire serait reconnaître à une religion le pouvoir de créer du droit. Or par définition, l’État laïque ne se mêle des cultes ; et surtout il laisse chacun libre de son culte ou absence de culte : un culte ne peut donc imposer aux autres ses propres règles. Chacun est libre de ne pas se donner les interdits d’un autre culte. Les règles communes se décident démocratiquement, pas par quelques-uns.

 

De la prétention extraordinaire des religions (concernant les caricatures de Mahomet, et aussi pour le reste) à vouloir prendre leur cas pour une généralité

 

Le propre d’une religion, au moins pour les trois religions du Livre, c’est de relier des gens par l’adhésion à des normes et croyances arbitraires. Et, par conséquent, de créer une frontière identitaire entre ceux qui en sont, et les autres. Or, une croyance est un acte de foi, c’est l’adhésion inconditionnelle à une idée, en l’absence de toute preuve et en renonçant à tout examen critique. La croyance ne laissant pas de place au doute, elle ne peut donc être vue que comme universelle par celui qui croit ; comme devant concerner a priori tout individu.

 

Il y a donc, intrinsèquement, un potentiel d’intolérance dans toute religion de ce type (basée sur le renoncement à la raison). Selon les religions, les époques, les lieus et les individus, cette intolérance se manifeste ou non.

 

Guillaume de Baskerville : Personne ne devrait se voir interdire de consulter ces livres.
Adso : Peut-être sont-ils considérés comme trop précieux ? Trop fragiles ?
Guillaume de Baskerville : Non, ce n'est pas cela. C'est parce qu'ils renferment souvent une sagesse différente de la nôtre, et des idées qui pourraient nous amener à douter de l'infaillibilité de la parole divine. Et le doute, Adso, est l'ennem
i de la foi.

 

En tout cas, il faut le redire haut et fort : non, aucune religion ne peut prétendre imposer ses règles à la terre entière. Les interdits d’une religion ne concernent que ceux qui adhèrent à cette religion, pas les autres. Enfin, quand je dis « adhérer », je me comprends… on pourrait aussi avoir un regard critique sur les conditions qui ont amené quelqu’un à adhérer à une religion. En général ce n’est pas par libre choix éclairé.

 

De la toute relativité de cette fameuse interdiction à représenter Mahomet

 

Des articles récents parus dans la presse française le rappellent : cette interdiction n’a pas toujours existé. Elle serait apparue vers le XVIIIe siècle, en partant d’une interdiction plus générale de représenter un visage humain ; et elle n’est pas universellement répandue dans le monde musulman. Actuellement, l’Iran et la minorité chiite n’ont pas cette interdiction.

 

Mais ceci étant dit, ça ne change rien au propos. Même s’il y avait homogénéité totale de l’Islam sur ce point, ça ne serait pas une raison pour que cet interdit s’impose à tout le monde. En tout cas, le fait que cet interdit soit à « géométrie variable » donne autant de raisons de s’en garder : maintenant c’est Mahomet, mais demain ? L’interdiction de dessiner une femme non voilée ? L’interdiction de dessiner un homme voilé ? Encore une autre interdiction ?

 

De l’absurdité qu’il y aurait à prendre son cas pour une généralité et à imposer ses convictions à tout le monde

 

On peut imaginer des exemples à l’infini : un végétarien pourrait vouloir interdire les couvertures des magazines de cuisine qui montrent des plats de viande, un marchand de journaux pourrait vouloir bannir « Le Figaro » de son étalage parce que sa ligne éditoriale est contraire à ses convictions, un opposant à la peine de mort pourrait vouloir faire démonter toutes les croix aux sommets des églises parce que ça évoque un instrument de peine capitale, etc.

 

Charlie Hebdo est écrit par des athées anticléricaux, pas par des islamophobes…

 

Charlie Hebdo critique les excès et le sectarisme de certains (concernant les religions, ou d’autres systèmes de pensée d’ailleurs). Il ne vise pas spécifiquement une religion plutôt qu’une autre, et ne critique pas les adeptes d’une religion en général.

 

Quelle que soit la cible, ce journal utilise la caricature et l’humour (parfois de mauvais goût) comme moyen d’expression au service des idées qui sont les siennes. Est-ce que c’est une forme d’expression efficace, est-ce que ça prêche d’autres que des convaincus ? Peut-être pas, mais ce n’est pas le débat.

 

… et personne n’est obligé de lire Charlie Hebdo !

 

Si le fond et la forme de Charlie Hebdo ne plaisent pas à tout le monde, eh bien que l’on se rassure : personne n’est obligé de lire Charlie Hebdo ! Il n’est pas affiché à l’entrée des mairies ni enseigné à l’école publique. C’est une publication privée, et chacun a parfaitement le droit d’ignorer son contenu. La liberté d’expression va de pair avec la liberté de ne pas écouter l’expression.

 

« Respecter la foi des autres » : un piège sémantique et une fausse bonne idée

 

Suite à la publication des caricatures, dans un bel esprit de corps, même le pape des catholiques s’y est mis : la liberté d’expression, oui, mais attention à respecter la foi des autres. Attention ! Dans l’expression « respecter la foi des autres », il y a plusieurs pièges sémantiques.

 

D’une part, je trouve que le terme « respecter » est à utiliser avec modération, vu sa proximité sémantique avec « obéissance ». On devrait en réserver l’usage aux situations où un sujet se trouve dans une situation de devoir inconditionnel par rapport à une autorité quelconque. Là, on parle simplement d’une situation d’égal à égal entre deux personnes. Plutôt que de parler de « respect », on devrait simplement parler des « droits et devoirs » de chacun.

 

D’autre part, l’injonction de « respecter la foi des autres » est un amalgame verbal très habile entre deux injonctions très différentes :

  • « Laisser le droit à chacun de croire à ce qu’il veut »,
  • « Interdire de critiquer ce à quoi il croit ».

 

Or, autant la première injonction relève de la tolérance la plus élémentaire (et à ce qu’il me semble, Charlie Hebdo respecte parfaitement ce droit), autant la seconde injonction relève bel et bien de l’intolérance !

 

Rejet de la concurrence par conservatisme

 

Le pape, ainsi que les représentants des autres religions, aimeraient bien faire taire toute critique, toute expression non autorisée à l’endroit de leur boutique. Tous les moyens sont bons, y compris le piège sémantique précédent. Il s’agit en réalité d’une attitude conservatrice de leur part, d’une recherche d’un statu quo basé sur des positions établies, et d’une attitude anticoncurrentielle. C’est comme si Skoda voulait interdire à Renault de faire une publicité comparative entre les voitures Renault et Skoda, en arguant que ce serait blessant pour les possesseurs de Skoda !

 

Or, sauf à avoir une conception fixiste du monde, il est essentiel que les idées puissent circuler librement et être confrontées. Que des idées puissent naitre et se développer, que d’autres puissent régresser et mourir. Dans un monde libre, les idées sont libres, on a le droit de défendre ses propres conceptions, et d’attaquer les conceptions des autres. Mais avec des mots et des dessins, pas avec des armes. Et aucune religion n’est au-dessus de ces principes ; aucune ne mérite un « respect » particulier, ni ne bénéficie d’un statut particulier, d’une « immunité diplomatique » qui la rendrait inattaquable ; aucune ne peut prétendre à une restriction de la liberté d’expression.

 

Apprendre à vivre dans un monde où d’autres expriment des idées contraires

 

Tout cela suppose que chacun fasse l’effort, peut-être immense pour certains, d’accepter l’expression d’idées contraires aux siennes, voire même contraires à ses convictions les plus intimes. À ne pas se rendre malheureux à la vue ou à l’évocation d’un dessin. Si des personnes se sentent personnellement agressées par des dessins qui ne les visent pas en tant qu’individu (qui ne sont pas diffamatoires, et qui n’insultent pas leur personne propre), c’est qu’il y a une révolution de l’égo à opérer : une révolution pour ne plus s’identifier à ses propres convictions, pour ne plus souffrir d’expressions contraires à ses propres convictions. À ne plus être prisonnier de sa pensée et laisser sa propre pensée provoquer de la souffrance. Certains auteurs grand public, qui sont tout sauf des athées enragés, nous montrent le chemin de façon admirable :

  • Eckhart Tolle dans « Le pouvoir du moment présent ».
  • Don Miguel Ruiz dans « Les quatre accords toltèques ».
  • Christophe André dans « Imparfaits, libres et heureux ».

 

Malheureusement, certains discours religieux vont exactement en chemin inverse… le fonctionnement de certaines religions par croyance en tant qu’acte de foi, par renoncement à toute raison et tout doute, rend ce travail d’autant plus difficile. Il a été dit que certains jetaient de l’huile sur le feu… on voit trop facilement l’huile avant le feu !

 

Il y a aussi une révolution de l’humour à faire chez certains !

 

Guillaume de Baskerville : Mais qu'il y a-t-il de si inquiétant dans le rire ?
Jorge : Le rire tue la peur, et sans la peur il n'est pas de foi. Car sans la peur du diable, il n'y a plus besoin de Dieu.
Guillaume de Baskerville : Mais vous n'éliminerez pas le rire en éliminant ce livre.
Jorge : Non, certes. Le rire restera le divertissement des simples. Mais qu'adviendra-t-il si, à cause de ce livre, l'homme cultivé déclarait tolérable que l'on rit de tout ? Pouvons-nous rire de Dieu ? Le monde retomber
ait dans le chaos.

 

Pourquoi je n’arrête pas d’utiliser le mot « certains » ?

 

Parce que je ne veux pas généraliser mon discours et mettre les gens dans des boîtes. Je m’adresse avant tout à des individus et des comportements individuels, pas à des catégories. Je ne fais absolument aucun amalgame du genre « Musulmans = Islam = Coran » (pour rester sur le cas concret dont je suis parti).

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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 23:04

L’affaire a fait couler beaucoup de bile : en cette période de Noël 2014, les crèches ont fleuri dans certaines mairies. Ça a même fait boule de neige, certains maires ayant installé une crèche en réaction aux oppostions aux premières crèches, et à l’obligation faite au Conseil Général de Vendée de démonter la sienne.

 

Les opposants aux crèches dans les mairies invoquent le principe de laïcité, et s’appuient sur l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 portant sur la séparation de l’Église et de l’État : "Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions."

 

Les partisans invoquent la tradition chrétienne de la France ; dénoncent l’extrémisme, l’intégrisme et l’intolérance de quelques « laïcards » ; font valoir que pendant des années ça n’a pas posé de problème ; qu’il n’y a eu qu’une seule période où on a fait démonter des crèches, c’était pendant la Terreur, etc.

 

Parfait ! C’est l’occasion de rappeler quelques définitions (ça ne fait jamais de mal).

 

La tolérance « au sens de Voltaire »

 

Il y a un sens de « tolérance » qui est celui de Voltaire (« Je suis contre ce que vous pensez, mais je ferai tout pour que vous puissiez le dire. »). Son contraire est l’intolérance.

 

Définitions du Larousse :

« Tolérance » : attitude de quelqu'un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres.

« Intolérance » : refus d'admettre l'existence d'idées, de croyances ou d'opinions différentes des siennes. (Le sujet va jusqu'à persécuter ceux qui les soutiennent.)

 

Notons en passant que pris dans ce sens, « tolérance » ne signifie pas :

« Être obligé de laisser autrui faire n’importe quoi. » Par exemple, si l’on n’est pas soi-même nudiste, on peut très bien admettre que d’autres soient nudistes, sans pour autant admettre que n’importe qui se balade nu n’importe où où ça lui chante. Ce n'est pas de l'intolérance.

« Être obligé de faire n’importe quoi pour faire plaisir à autrui. » Si je ne suis pas nudiste, je ne suis pas obligé, au nom de la tolérance, de me mettre à poil sur une plage occupée uniquement par des nudistes (à mois que ce soit une plage réservée aux nudistes, bien sûr). Ou encore, si je suis athée, rien ne m'oblige à assister à une cérémonie religieuse pour faire plaisir aux autres. Ce n'est pas de l'intolérance.

« Renoncer à ses propres idées, à toute critique des idées d’autrui. » Là, on tomberait dans l’autocensure, au nom d’un « consensus mou » ou d’un « politiquement correct ». Si je suis chrétien, j’ai parfaitement le droit de dire que l’athéisme est un système de pensée inférieur au mien (d’ailleurs les papes successifs ne s’en sont jamais privés) ; si je suis musulman, j’ai parfaitement le droit de dire que le christianisme est un système de pensée inférieur au mien, etc. Ce n'est pas de l'intolérance.

 

La tolérance « au sens du gendarme »

 

Il y a aussi un autre sens de « tolérance », celui de « souplesse dans l’application d’une règle ». Selon ce qui les arrangent, certains l'appellent parfois aussi  « laxisme ». 

 

On tolère que les motos fassent de l’interfile (non autorisée par le Code de la Route). On tolère la circoncision (contraire à l’article 16-3 du Code Civil). On tolère l’abattage halal ou casher (contraire aux règles d’abattage CE qui stipulent que l’animal doit être inconscient au moment où il est égorgé). On tolère que des gens fument sur une terrasse non ouverte (contraire à la législation anti-tabac).

 

Mais le contraire de cette tolérance-là, ce n’est pas l’intolérance ! C’est, comme on voudra, de la rigueur, de la fermeté, de la « tolérance zéro », de l’application de la loi, etc. Pour discuter de cette tolérance-là, il faut peser au cas par cas le problème réel qui peut résulter du non-respect de la règle.

 

La laïcité

 

Passons maintenant à la laïcité. La laïcité est un principe politique qui organise la tolérance (au sens de Voltaire) au sein d’une société, concernant les cultes. Ses principes essentiels sont : tout individu a le droit d’avoir le culte de son choix, d’en changer, ou de ne pas en avoir ; l’État ne se mêle pas des affaires des cultes, et ne privilégie aucun culte ni absence de culte ; les cultes ne se mêlent pas des affaires de l’État. Ces principes me semblent très sains, et je trouve que c’est un progrès immense par rapport au bûcher.

 

L’article 28 cité en introduction me semble parfaitement cohérent avec ces principes. Cet article ne semble pas particulièrement inhumain ni intolérant, puisqu'il ne concerne que les emplacements publics et n'interdit rien sur les emplacements privés. 

 

Bien, et les crèches dans les mairies ?

 

Revenons maintenant à l’affaire. De quoi s’agit-il tant ?

 

Bon, déjà, une crèche (de la Nativité) est-elle une expression religieuse ? Certains ont cherché à le nier, en disant que c’était une simple tradition de Noël ; d’autres en disant que c’était juste « une famille pauvre dans une chaumière » ; et pourquoi pas un simple regroupement d’atomes pendant qu’on y est ? Que ça soit une expression religieuse n'est à mon avis qu'une simple question de bon sens ; ce qui n'est d'ailleurs pas incompatible avec le fait que ça soit également (dans certains milieux) une tradition. Passons à la suite.

 

Si l’on admet que la crèche constitue bien une expression religieuse, il semble couler de source que sa présence dans un hall de mairie constitue bien une infraction à l’article 28. Son démontage ne serait qu’une simple application de la loi, pas de l’intolérance (au sens de Voltaire). La laisser en place serait une simple tolérance (au sens du gendarme).

 

Quel est le problème ?

 

Passons au fond maintenant : demander le démontage d’une crèche, est-ce de l’acharnement, de la bêtise, de la « laïcardise », de l'intolérance ? Doit-on tolérer (au sens du gendarme) une crèche dans une mairie parce que ça ne pose pas de problème ? Ou y a-t-il un réel problème ? Je penche pour le problème, et je m’en explique.

 

D'une part, il y a des gens qui n'aiment pas la religion, pour des raisons qui leur sont propres et qu'ils n'ont pas à justifier. C'est parfaitement leur droit, et ce n'est pas de l'intolérance de leur part, et ils n'ont pas à être jugés pour ça. Une crèche peut avoir pour eux une connotation négative. Ceux-là n'ont donc pas forcément envie d'en voir aux endroits où c'est expressément interdit. Et s'ils se plaignent quand l'interdiction est bafouée, on ne peut pas leur reprocher. Leur reprocher serait au contraire de l'intolérance.

Pour prendre une analogie :  il est interdit de fumer dans certains endroits. Si un fumeur fume dans un endroit interdit, on ne peut pas reprocher à un non-fumeur de s'opposer à ce que le fumeur y fume. Que le non-fumeur s'y oppose, ce n'est pas de l'intolérance vis-à-vis du fumeur ; par contre, si le fumeur reprochait au non-fumeur de s'opposer à ce qu'il fume où c'est interdit, là ce serait de l'intolérance.

 

D'autre part, mettre une crèche dans une mairie, c’est pour moi du même niveau que de mettre une affiche électorale dans un bureau de vote. La question de la neutralité de l’État est pour moi une question cruciale. Il me semble dangereux d’ouvrir des portes et de laisser l’État (ou toute émanation de l’État comme une commune) afficher une préférence pour tel ou tel culte, fût-il le culte historique de la France. Si on tolère une crèche pour la religion catholique, que devra-t-on alors tolérer par équité de la part des autres religions ? Qu’un maire commence un discours par « Au nom d'Allah tout puissant » ? Devra-t-on tolérer n’importe quelle expression religieuse, n’importe quel soutien à une religion ? Ou faudra-t-il se mettre autour de la table pour négocier les expressions religieuses qui sont tolérables dans une mairie, de celles qui ne le sont pas ? Gérer des équilibres d’expression dans les mairies entre diverses religions ; et selon quels critères ? Voilà qui serait un comble pour un État censé ne pas se mêler des cultes ! Franchement, les guerres de religion ont fait assez de dégâts comme ça par le passé, pas la peine de laisser des brèches ouvertes à de possibles dérives. Laissons les mairies être des sanctuaires hors de ce genre de manœuvres. Les maires fautifs qui contre-attaquent en invoquant que les oppositions aux crèches alimentent les divisions, feraient bien de s'appliquer d'abord le compliment à eux-mêmes : ce sont bien eux qui se sont mis en faute par rapport à une loi qui a pour but de garantir la paix civile concernant les cultes !  

 

Et la tradition alors ?

 

Quand j’entends parler de tradition, je me méfie. Déjà, la tradition, ça n’a pas toujours du bon : en France, certaines choses étaient traditionnelles. Par exemple : l’esclavage, l’absence totale de démocratie, puis le droit de vote seulement aux hommes, le droit de posséder un compte en banque seulement pour les hommes, etc. La société évolue, et le passé n’est pas en soi un juge de paix pour le présent et l’avenir. Autre exemple, tout personnel : quand je vois que la tradition est la seule et unique justification (ou prétexte ?) au maintien des corridas, je me dis qu’on a bien des raisons de ne pas faire de chèque en blanc à la tradition…

 

Certains avancent l’idée que la France est un pays de tradition chrétienne, voire même judéo-chrétienne selon les avis. En passant, l’amalgame « judéo-chrétien » me fait marrer, quand on sait les persécutions qu’ont subi les juifs en Europe, sans discontinuer jusqu’au milieu du XXe siècle. Mais attention ! Une immense majorité de français ont certes été chrétiens, à une époque où ils n'avaient pas vraiment le choix (parce que le christianisme était intolérant). Maintenant que l'époque a changé et que les gens ont le choix, il y a moins de gens qui se définissent comme chrétiens, mais il en reste encore une proportion non négligeable. Tout ceci n’autorise pas pour autant les maires à définir la France comme étant de tradition chrétienne, à utiliser cette définition pour se créer des droits, et à diffuser la tradition chrétienne sous une forme ou sous une autre. La France se définit comme un État laïque, point barre. Ne surtout pas confondre la France (l'état-nation) et les français. La France (en tant qu'État) a pour tradition de faire libérer ses otages moyennant paiement d'une rançon (en niant l'avoir payée bien entendu), mais elle n'a pas la crèche pour tradition. En revanche, certains français ont la crèche pour tradition.

 

Et puis, que l’on se rassure, braves gens : personne ne parle d’interdire les crèches sur tout le territoire ! Si les gens qui aiment les crèches veulent en faire (parce que c’est leur tradition), qu’ils ne s’en privent pas ! Simplement, pour les raisons que j’ai indiquées, je trouve qu’une crèche n’a vraiment rien à faire dans une mairie.

 

Instrumentalisation

 

Dans les mairies en question, la présence de la crèche au moment de Noël ne relevait généralement pas d’une tradition ininterrompue depuis des décennies… Son apparition récente est plutôt à voir comme un acte politique (peut-être en réaction au succès d’une autre religion qui ne plait pas ?). Dans ce cas, on pourrait parler d’instrumentalisation à des fins politiques : instrumentalisation du catholicisme, et instrumentalisation des bâtiments des mairies ! On peut aussi parler d'« abus de biens sociaux ».

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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 21:44

Cet article est la compilation (par ordre chronologique décroissant, ce qui s’y prête bien) de quelques citations de la Bible (et de la conclusion que j’en tire), publiées initialement sur Facebook.

Bonus du 1er février 2015

Le passage que je vais vous citer, a fait dire à Richard Dawkins : "So you believe we get our morals from the Bible? Tell me again how forcing a woman to marry her rapist is moral."
Donc : Deutéronome 22:28-29 (sans plus de commentaire) :
"Si un homme rencontre une jeune fille vierge non fiancée, lui fait violence et couche avec elle, et qu'on vienne à les surprendre, l'homme qui aura couché avec elle donnera au père de la jeune fille cinquante sicles d'argent ; et, parce qu'il l'a déshonorée, il la prendra pour femme, et il ne pourra pas la renvoyer, tant qu'il vivra."

21 décembre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible : LA CONCLUSION.

Bien évidemment, quand je parlais de « lecture littérale » dans les publications précédentes, c’était à prendre au second degré : je n’approuve personnellement aucun des passages que j’ai cités ces dernières semaines. Ces passages sont explicitement misogynes, esclavagistes, homophobes, violents, antisémites, barbares, ou d’un ennui à mourir.
Quand je dis qu’il faut faire une lecture littérale de la Bible, je veux dire qu’il faut tout simplement la lire, pour se faire par soi-même une idée de ce qu’elle contient réellement, et ne pas rester sur des a priori. Quand on la lit réellement, on s’aperçoit qu’elle contient, entre autres choses, ce type de passages.
Or, ce texte n’est pas présenté comme une fiction ; il est considéré comme sacré par ceux qui s’en réclament. « Sacré », selon le Larousse, renvoie dans notre contexte aux définitions suivantes : « Qui appartient au domaine séparé, intangible et inviolable du religieux et qui doit inspirer crainte et respect » ou encore « À qui l’on doit un respect absolu, qui s’impose par sa haute valeur ». Mais alors, que penser d’un livre auquel certains accordent un tel statut, et dont certains passages sont manifestement « pas très en phase » (c’est le moins qu’on puisse dire) avec notre époque ? Comment se fait-il que (environ deux millénaires après leur écriture) ces passages subsistent encore ? Quel livre pourrait paraître aujourd’hui, prétendant guider l’Humanité, et recueillir un succès mondial s’il contenait des passages de ce type ? Voilà qui mérite quelques commentaires.
Deux conceptions de la Vérité sont ici en jeu : la vérité révélée des religions, censée refléter la parole divine et donc par essence impossible à remettre en cause. Et la vérité issue de l’examen critique et rationnel des faits, qui peut évoluer avec les éclairages successifs apportés par le temps.
Ces deux vérités sont parfois (souvent !) contradictoires. Qu’il s’agisse de morale, comme dans les exemples que j’ai choisis. Ou qu’il s’agisse de faits solidement étayés et bien connus des lecteurs : formation du monde, mouvement des planètes, évolution des espèces, impossibilité de naître sans fécondation, impossibilité de ressusciter, impossibilité de transformer le vin en sang par le seul effet de la parole, etc.
Ces contradictions ont suscité des réactions de défense de la part des autorités ecclésiastiques, et en suscitent encore. Et on les comprend ! Ces contradictions attaquent directement le fondement de ces autorités, et par là attaque directement leur légitimité, leur statut et leur pouvoir. Se défendre est vital pour ces autorités. Mais il leur est impossible, pour se défendre, d’amender la Bible pour lever les contradictions, il faut trouver d’autres moyens. Amender ce texte, ce serait reconnaître qu’il n’est pas une référence sacrée, ce serait reconnaître que la pensée humaine est au-dessus de ce qu’il peut contenir. Ce serait reconnaître soit l’inexistence de Dieu, soit son imperfection. Impossible sans scier la branche sur laquelle l’autorité est assise !
Donc, d’autres moyens de défense. Un des plus anciens moyens employés a été l’élimination physique des contradicteurs. Un autre a été de soustraire le texte lui-même à l’examen critique, en en réservant sa lecture aux membres du clergé, et en interdisant sa traduction du latin dans les langues parlées. C’est ainsi que l’Index Librorum Prohibitarum (index des livres prohibés par l’église catholique, en vigueur jusqu’à il y a quelques décennies), bien que n’ayant jamais prohibé Mein Kampf, a pendant des décennies prohibé les traductions françaises de la Bible.
Un des moyens de défense contemporains consiste, sur tous les sujets qui fâchent, à noyer le poisson et affirmer que telle ou telle vérité solidement reconnue par les faits ou la morale, n’est pas en contradiction avec la Bible. Ou bien que « il ne faut pas prendre au pied de la lettre ce qui est écrit », que c’est une parabole, une image,… Comme exemple parmi tant d’autres possibles, le pape François 1er a récemment déclaré (automne 2014), dans un discours à l’académie des sciences pontificales, que Big-Bang et évolution par sélection naturelle sont compatibles avec l’existence d’un créateur. Personnellement, j’ai pitié… j’appelle ça de la fuite en avant, du foutage de gueule, ou de la malhonnêteté intellectuelle, comme on voudra.
Quand on prétend éclairer le monde, il faut avoir un minimum de crédibilité et d’honnêteté intellectuelle. Et de capacité de remise en cause. Si les autorités ecclésiastiques avaient ce qu’il faut de courage et d’envergure, elles enverraient promener la Bible en décrétant une bonne fois pour toutes que ce texte est bon à jeter aux orties, et fonderaient autre chose à la place. Au lieu de cela, elles se contentent de gérer leur rente de situation et cacher leur misère conceptuelle comme elles peuvent. L’inertie, l’aversion au risque, la peur du chômage ?
Une certaine passivité de leur public leur facilite d’ailleurs la tâche. Dans tout domaine, qu’il soit religieux ou autre, ce n’est pas une démarche naturelle que de questionner ce qui semble évident et qui ne pose pas de problème particulier (« On acquiert rarement les qualités dont on peut se passer » faisait dire Choderlos de Laclos à la Marquise de Merteuil). Et même si l’on n’est pas dupe du discours, des facteurs d’ordre « sociologiques » entrent en compte : le simple fait de connaître un discours permet de s’inclure dans le groupe des autres personnes connaissant ce discours… même si l’on pense que ce discours est vide de sens ! En langage vulgaire, c’est du conformisme pur et simple. C’est ainsi qu’on peut se retrouver occasionnellement à une cérémonie religieuse, même si l’on tient personnellement le Père, le Fils et le Saint-Esprit pour de la foutaise…
Vous trouvez que je ne fais que critiquer, et que je ne propose rien de positif ? Un peu de patience… En attendant, joyeuses fêtes de fin d’année à toutes et tous !

3 décembre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible : dernières citations ! La prochaine fois je passerai à la conclusion (toute personnelle, vous vous en doutez bien).
Petit florilège de la barbarie la plus noire, avec pour finir une incitation au viol à peine masquée :

Exode 12 / 12
Cette nuit-là, je passerai dans le pays d'Égypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d'Égypte, depuis les hommes jusqu'aux animaux, et j'exercerai des jugements contre tous les dieux de l'Égypte. Je suis l'Éternel.

Nombres 31 / 14-18
Et Moïse s'irrita contre les commandants de l'armée, les chefs de milliers et les chefs de centaines, qui revenaient de l'expédition.
Il leur dit : Avez-vous laissé la vie à toutes les femmes ?
Voici, ce sont elles qui, sur la parole de Balaam, ont entraîné les enfants d'Israël à l'infidélité envers l'Éternel, dans l'affaire de Peor ; et alors éclata la plaie dans l'assemblée de l'Éternel.
Maintenant, tuez tout mâle parmi les petits enfants, et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui ; mais laissez en vie pour vous toutes les filles qui n'ont point connu la couche d'un homme.

3 novembre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible, épisode 6 (bientôt la fin des citations, après je passe à ma conclusion personnelle).
Vous reprendrez bien un peu d'Amour du Prochain ? Allez... (Exode 21 / 20-21) :
"Si un homme frappe du bâton son esclave, homme ou femme, et que l'esclave meure sous sa main, le maître sera puni. Mais s'il survit un jour ou deux, le maître ne sera point puni ; car c'est son argent."

29 octobre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible, épisode 5.
Dans le Bouquin il y a plein de passages consacrés à l'Amour du Prochain, comme celui-ci par exemple (Romains 3 / 9-18) :
"Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l'empire du péché, selon qu'il est écrit : il n'y a point de juste, pas même un seul ;
nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu ; tous sont égarés, tous sont pervertis ; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul ; leur gosier est un sépulcre ouvert ; Ils se servent de leurs langues pour tromper ; ils ont sous leurs lèvres un venin d'aspic ; leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume ; ils ont les pieds légers pour répandre le sang ; la destruction et le malheur sont sur leur route ; ils ne connaissent pas le chemin de la paix ; la crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux."

21 octobre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible, épisode 4.
Après la misogynie, puis le soporifique, passons maintenant à l’homophobie.
Pas plus tard que le week-end dernier, le gratin du Vatican s’est gratté les parties velues en se demandant, entre autres choses, ce qu’il était possible de penser des homos (cf. http://www.franceinfo.fr/…/synode-reactions-apres-l-absence…).
Quelles que soient les conclusions des débats, il faut reconnaître que l’exercice était difficile : c'est un peu le grand écart entre d'une part, une volonté d'ouverture (en ces temps de pénurie de fidèles, difficile de continuer à se mettre à dos une partie des clients potentiels), et d'autre part le respect dû à la Très Sainte Bible...
Voyons ce qu'en dit le Bouquin (Lévitique 18 / 22) :
"Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination."
Au moins, c'est clair...

14 octobre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible, épisode 3.
Cette fois-ci rien de choquant ni de croustillant. On se relaxe... le calme avant la tempête.
Vous trouvez votre vie trop trépidante, vous voulez un moment de calme ? Ou vous n'arrivez pas à trouver le sommeil ? "Nombres" est pour vous, c'est une excellente alternative au comptage de moutons ! Petit extrait (Nombres 1) :

"On enregistra les fils de Gad, selon leurs familles, selon les maisons de leurs pères, en comptant les noms depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux en état de porter les armes :les hommes de la tribu de Gad dont on fit le dénombrement furent quarante-cinq mille six cent cinquante.
On enregistra les fils de Juda, selon leurs familles, selon les maisons de leurs pères, en comptant les noms depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux en état de porter les armes : les hommes de la tribu de Juda dont on fit le dénombrement furent soixante-quatorze mille six cents.
On enregistra les fils d'Issacar, selon leurs familles, selon les maisons de leurs pères, en comptant les noms depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux en état de porter les armes : les hommes de la tribu d'Issacar dont on fit le dénombrement furent cinquante-quatre mille quatre cents.
On enregistra les fils de Zabulon, selon leurs familles, selon les maisons de leurs pères, en comptant les noms depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, tous ceux en état de porter les armes : les hommes de la tribu de Zabulon dont on fit le dénombrement furent cinquante-sept mille quatre cents."

Etc, etc. Superbe portée philosophique, n'est-ce pas ?

11 octobre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible, épisode 2 !
Allez, on continue avec quelques extraits croustillants.
Mesdames (amies de la Très Sainte Bible), vous pensiez que seules les musulmanes avaient le privilège de porter le voile ? Que nenni, grave erreur, vous êtes également concernées ! Lisez donc ceci (1 Corinthiens 11) :
"... Tout homme qui prie ou qui prophétise, la tête couverte, déshonore son chef.
Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise, la tête non voilée, déshonore son chef : c'est comme si elle était rasée.
Car si une femme n'est pas voilée, qu'elle se coupe aussi les cheveux. Or, s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou d'être rasée, qu'elle se voile.
L'homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme.
En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l'homme ; et l'homme n'a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l'homme.
C'est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l'autorité dont elle dépend.
Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est point sans l'homme, ni l'homme sans la femme.
Car, de même que la femme a été tirée de l'homme, de même l'homme existe par la femme, et tout vient de Dieu.
Jugez-en vous-mêmes : est-il convenable qu'une femme prie Dieu sans être voilée ?
La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter de longs cheveux, mais que c'est une gloire pour la femme d'en porter, parce que la chevelure lui a été donnée comme voile ?
Si quelqu'un se plaît à contester, nous n'avons pas cette habitude, non plus que les Églises de Dieu..."
Des commentaires ?

7 octobre 2014

Pour une lecture littérale de la Bible !
Début d'une petite série amusante. Et pas de bol, un texte dit "sacré", on n'a pas le droit d'y toucher...Vous pourrez vérifier facilement par Google que je n'ai rien inventé.
Donc le passage du jour est le suivant (1 Corinthiens 14:34) :
" ...que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler ; mais qu'elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leurs maris à la maison...".

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 00:00

Il est ici question d'économie, mais pas des déçus du Hollandisme... non, d'une tendance lourde qui ne fera que s'amplifier de génération en génération (quels que soient les gouvernants qui se succéderont).

 

En prenant un peu de recul sur l'histoire de Homo sapiens, on pourra bientôt distinguer 5 grandes ères :

 

Avant Homo sapiens : constitution de la mine

 

Durée : plusieurs milliards d'année.

 

Depuis la formation de la planète Terre, par des processus extrèmement lents, accumulation progressive d'éléments divers dans les entrailles de la terre : énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), métaux, terres rares, etc.

 

L'ère des chasseurs-cueilleurs

 

Durée : plusieurs centaines de milliers d'années.

 

Homo sapiens est nomade, il se déplace pour rechercher sa nourriture là où elle se trouve.

Du fait du nomadisme, peu d'accumulation possible de richesses matérielles, donc peu d'inégalités entre individus.

Croissance des populations très limitée. Malgré celà, les savoirs-faire accumulés (transmis oralement d'une génération à l'autre) peuvent être suffisants pour provoquer quelques effets secondaires indésirables : déforestation, érosion des sols, éradication de certaines espèces.

 

L'ère de la sédentarisation et de la domestication

 

Durée : plusieurs milliers d'années.

 

Homo sapiens apprend à domestiquer les plantes et les animaux pour sa consommation personnelle. Il n'est plus obligé de se déplacer pour se nourrir, il se sédentarise. La production d'excédents alimentaires permet la croissance de la population. La sédentarisation permet aussi l'accumulation de richesses importantes... mais pas pour tout le monde : les inégalités entre individus s'accroissent. L'écriture naît. L'organisation sociale prend une autre échelle, les empires apparaissent.

 

La production de richesses reste toutefois basée sur la force humaine et animale, avec des techniques artisanales dont la productivité est limitée. L'accroissement des richesses moyennes par individu reste très faible. La production sert essentiellement à couvrir les besoins élémentaires. Les besoins en main-d'oeuvre sont importants et aucune innovation technique ne provoque de chômage. D'un point de vue économique, le système est relativement stable.

 

L'ére de la croissance "minière"

 

Durée : environ 200 ans.

 

Au début de cette ère, Homo sapiens est assis sur deux mines, qu'il n'a pas commencé à exploiter. Une mine "physique" : son sous-sol, qui contient toutes les ressources naturelles accumulées avant son apparition sur Terre. Et une mine "intellectuelle" : celle des lois de la nature, qu'il ne connaît pas encore et qu'il lui reste à découvrir.

 

Il commence à exploiter ces deux mines en parallèle. Les découvertes scientifiques nourrissent des innovations techniques qui utilisent les richesses du sous-sol (ou rendent possible leur extraction).

 

Economiquement, le système devient instable. Les innovations techniques amènent la croissance de la production, la croissance de la production amène la croissance de la consommation des ressources naturelles. Chaque nouvelle innovation technique s'accompagne du phénomène de "destruction créatrice" décrit par Schumpeter : des emplois obsolètes sont détruits, mais sont (en moyenne) remplacés par d'autres emplois issus des innovations techniques.

 

Aujourd'hui :

  • Les besoins élementaires étant maintenant globalement couverts, la croissance de la production concerne pour l'essentiel des biens non vitaux.
  • L'énergie qu'un français moyen consomme en un an pour toute sa consommation (production des biens matériels qu'il achète, chauffage, transport,...) représente l'équivalent de ce que peuvent produire 400 personnes en un an avec la force de leurs bras ou de leur jambes. C'est comme si nous avions à notre disposition, pour assurer notre train de vie actuel, 400 "esclaves énergétiques". Cette énergie consommée est essentiellement de l'énergie fossile : pétrole, gaz, charbon.
  • Tel un cycliste qui doit pédaler sans relâche pour ne pas tomber, la croissance économique ne doit pas cesser pour que le système économique n'implose pas (ou plutôt que le chômage n'explose pas).
  • Bref, notre organisation économique est telle que le niveau d'emploi est directement corrélé à la croissance de l'énergie disponible !!!

L'ère post-minière

 

Durée : le reste... (encore quelques milliards d'années).

 

Comme le disait Kenneth Boulding : "Celui qui croît qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste".

 

Les ressources minières physiques, qui sont nécessaires à la plupart de nos productions, sont un stock donné au départ et qui ne peut pas (à échelle humaine) se renouveler. Pour ne parler que du stock d'énergie fossile, une fois ce stock épuisé, il reste... les énergies renouvelables. Qui ont une capacité très inférieure à nos besoins énergétiques actuels, même en tenant compte d'hypothétiques innovations techniques qui en optimiseraient le rendement. De toutes façons, in fine, la capacité maximale des énergies renouvelables sur Terre, ce n'est que le flux de chaleur en provenance du soleil...

Les ressources minières "intellectuelles" (les lois de la nature) sont également données une fois pour toutes.

 

Où en est-on de l'épuisement de ces deux mines ?

 

Concernant les ressources minières physiques : leur épuisement est très variable selon le pays producteur et la ressource considérée, mais des signes sérieux indiquent que nous sommes déjà entrés, pour certaines ressources dont le pétrole, dans une phase de décroissance de la production (en moyenne mondiale, avec de fortes disparités régionales). Et que cette décroissance n'est pas contrainte par la demande, mais par les capacités physiques d'extraction des stocks restants.

 

Concernant les découvertes scientifiques susceptibles de nous amener d'autres innovations techniques : on se limitera à la Physique et aux "Sciences du vivant" :

  • Pour ce qui est de la Physique, le modèle standard de la physique des particules date maintenant des années 1970, et il a été amplement validé par l'expérimentation. Son domaine de validité couvre la physique de la vie courante et les niveaux d'énergie raisonnablement exploitables pour des applications pratiques, y compris l'énergie nucléaire.
  • Pour ce qui est des Sciences du vivant... comme je n'y connais rien, je ne m'avancerai pas trop là-dessus, mais j'en tirerai quand même bientôt quelques conclusions.

En étant abrupt, voici donc ce que je conclus de l'état actuel des découvertes scientifiques :

  • Physique : il n'y a plus aucune loi fondamentale à découvrir, sur un domaine de validité susceptible d'amener des innovations techniques. Si des innovations techniques ont lieu dans le futur, ça ne sera que sur la base de lois déjà découvertes... donc plus lentement qu'avec la découverte de nouvelles lois.
  • Sciences du vivant : quel que soit le potentiel de découverte restant, le potentiel de production des sciences du vivant, est celui des énergies renouvelables (soit l'énergie en provenance du soleil)... et ça c'est physique.

Les deux "carburants" du système économique actuel, à savoir l'innovation technique et l'énergie à gogo, sont donc bel et bien entrés (sur le long terme) dans une phase d'épuisement. Par conséquent, la production de biens matériels ne pourra que décroître. La croissance molle, ou l'absence de croissance, ou la récession observée en Europe en ce moment, c'est ça et rien d'autre. Et le chômage de masse actuel, c'est une conséquence de cette croissance atone, parce que le système économique est actuellement organisé pour ne permettre le plein emploi qu'en présence d'une croissance soutenue.

 

Comment allons-nous, collectivement, répondre à cette nouvelle donne ? Allons-nous nous adapter à temps, et gérer correctement cette décroissance matérielle, sans entraîner de crise aiguë ? Bien malin qui pourrait le dire... Je vais quand même risquer un pronostic. Je suis pessimiste, je pense que rien ne sera géré correctement. Voici mon analyse.

Nous sommes drogués aux biens de consommation. Combien d'entre nous renonceraient de bon coeur à la voiture, à la clim, aux smartphones,... même si on leur disait que c'était pour la bonne cause ?

D'autre part, la notion de "progrès" est tellement entrée dans les moeurs (à force de générations s'étant succédées dans l'ère de la croissance minière) qu'il apparaîtrait inconcevable à beaucoup que ça s'arrête. On trouvera toujours une solution à n'importe que problème pour continuer comme avant !

 

Bref, la baisse de la consommation, ce n'est pas vendeur et c'est contre-nature. Donc aucun politicien, même bien intentionné, ne voudra risquer un kopek sur ce genre de slogan (je parle des politiciens qui veulent se faire élire, pas des écolos). 

Et les élites du business (ceux qui ont l'argent, le pouvoir même s'ils ne sont pas élus, les réseaux d'influence,...) ? Elles pourraient éventuellement influer, à leur façon, le cours des choses. Le feront-ils, ceux qui auront conscience de la situation ? Au mieux : non ; au pire : ils ralentiront au maximum toute évolution. Parce que les personnes de cette catégorie excellent dans l'optimisation de leurs intérêts personnels, pas dans l'optimisation de l'intérêt général. Et qu'une remise en cause du système économique actuel signifierait une remise en cause de leurs avantages. Elles continueront donc de faire semblant que tout va comme avant, de tirer profit au maximum de tout ce qu'il y a à tirer à court terme... comme les spéculateurs qui ont conscience qu'une bulle va exploser, mais qui continuent à jouer pour ne pas risquer de gagner moins que le voisin. Attention, je ne porte aucun jugement moral là-dessus.

 

En tout cas, en final, la réalité rattrapera tout le monde, sans exception... Qui s'en sortira le mieux ? Mon pronostic : les peuplades qui sont (au regard des standards occidentaux) les plus pauvres, celles qui dépendent le moins actuellement de l'innovation technique et de l'énergie. Sous réserve que leur environnement ne soit pas détruit pas des bouleversement climatiques...

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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 00:00

Ou, dit autrement (pas d'hypocrysie) : interdire le port du voile islamique pour les accompagnants des sorties scolaires ?

Sujet d'actualité qui m'amuse beaucoup !

 

Je vois les choses de façon très simple : soit la religion (en général) est saine pour les enfants, soit elle ne l'est pas.

Si elle est saine, alors vive la concurrence et que le meilleur gagne ! Il n'y a pas de raison de brider le prosélytisme ni de faire du protectionnisme qui fausserait la concurrence.

Si elle est malsaine, alors il faut interdire toute forme de prosélytisme à l'attention des enfants, y compris la transmission intra-familiale, et attendre que l'enfant devienne adulte pour effectuer lui-même son choix (comme pour le droit de vote, etc).

Et si certaines religions sont saines et d'autres malsaines, alors il faut expliciter en quoi certaines seraient saines et les autres seraient malsaines, et interdire les malsaines...

 

Donc en conclusion : je trouve que le problème est très mal posé dans les débats actuels...

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 00:00

Oui, au fait, pourquoi ? (pour ceux qui n'ont pas encore eu l'info : définitivement, depuis octobre 2013 environ)

On répondre à cette question sous deux angles :

  • Les raisons "objectives" que j'ai retenues après examen de la question.
  • Le hasard qui m'a amené à me poser la question.

Raisons "objectives" retenues


Dans les conditions d'approvisionnement alimentaire contemporaines, manger de la chair animale n'est nullement nécessaire à une alimentation équilibrée(1). Puisqu'on peut s'en passer, se pose donc la question : stop ou encore ? J'ai fait le choix d'arrêter d'en manger, pour les raisons suivantes.

 

Éthique animale

 

Les raisons d'éthique animale sont depuis longtemps la principale motivation du végétarisme. En bref, il s'agit de considérer que les règles élémentaires d'éthique que les humains s'appliquent entre eux (ne pas faire à autrui ce qu'on n'aimerait pas qu'il nous fasse, ne pas traiter autrui uniquement comme un moyen au service de ses fins...) doivent aussi s'appliquer aux autres animaux. Parce que même si on n'éprouve pour eux aucun sentiment, les animaux que l'on mange sont tout autant que les humains, des êtres sensibles et capables de ressentir des émotions positives ou négatives, de la douleur, de la peur, etc.

 

À l'appui de ces considérations, somme toute abstraites, on trouve maintenant des illustrations saisissantes sur Internet. Des vidéos très suggestives sont disponibles sur les conditions d'élevage et d'abattage des animaux de consommation ; voir par exemple (2)(3). Si vous pensez que vous vous êtes complètement indifférent à tout ça, testez-vous donc, regardez-les.

Ce qui se passe dans les abattoirs est un sujet tabou en France : ce genre de vidéos ne passe pas à la télé, il n'y a pas de visites scolaires organisées dans les abattoirs, etc. Aurions-nous mauvaise conscience de ce que nous faisons subir aux animaux, vaut-il mieux éviter de faire le rapprochement entre l'animal, sa mort, et ce qui se trouve dans nos assiettes ?

 

Le livre "No steak"(4) de Aymeric Caron développe amplement ces sujets.

 

Impact environnemental

 

La viande est une aberration économique et environnementale. Quelques chiffres.

Pour produire 1 calorie de viande rouge, il faut 10 calories d'origine végétale.

Pour produire 1 kg de viande rouge, il faut 15 000 L d'eau, soit l'équivalent d'une douche quotidienne pendant un an.

Pour produire 1 kg de viande rouge avec les techniques d'élevage intensif, il faut 6 kg de pétrole.

Les 3/4 des terres agricoles mondiales sont consacrées à la production de viande (sous forme de pâturages, ou de cultures céréalières destinées à l'alimentation du bétail). Des forêts sont rasées pour permettre aux pays les plus riches de disposer des surfaces agricoles nécessaires à leur niveau de consommation de viande.    

À l'échelle mondiale, l'élevage émet approximativement la même quantité de gaz à effets de serre que l'ensemble des transports (terrestres, maritimes et aériens). Soit de l'ordre de 20 % des émissions mondiales de GES.

Notre planète est physiquement incapable de nourrir tous ses habitants avec le même niveau de consommation de viande que dans les pays riches...

 

Subvention des religions à son insu

 

En France comme dans nombre d'autres pays, les règles de traçabilité n'obligent pas à préciser au consommateur le mode d'abattage d'un animal. Même si une viande n'est pas étiquetée halal ou casher, elle peut très bien avoir été abattue selon ce rituel(5). Si c'est le cas, une partie du prix payé comprend la rémunération de prestataires religieux(6). Et personnellement, moins je subventionne les religions, mieux je me porte !

 

Réincarnation

 

Cet argument, contrairement aux autres, est très personnel et n'est pas susceptible d'un large écho... mais comme c'en est un pour moi, je le mentionne quand même.

Je crois en une forme de réincarnation, que j'ai décrite par ailleurs(7). Je n'oublie donc pas que je risque d'être mangé à mon tour... La cohérence m'invite à ne pas manger dans le présent, ce que je pourrais être dans le futur et qui n'aura pas envie d'être mangé !

 

Le hasard qui m'a amené à me poser la question

 

Les changements personnels sont parfois le fruits d'accidents du hasard ! Dans mon cas, j'ai trouvé, avec du recul, ce hasard suffisamment drôle pour vous en faire part.

Il n'y a pas si longtemps, j'étais un omnivore bien tranquille, je ne faisais ch... personne avec mes idées et je mangeais de tout avec plaisir. Et puis, en septembre 2012, un mini-événement s'est produit dans ma bonne ville d'Ivry-sur-seine : la boucherie du métro a fermé 3 semaines, avant de rouvrir comme boucherie halal ! Ce qui ramenait à 0 le nombre de boucheries non halal facilement accessibles pour moi. J'étais partagé entre la colère ("Quoi ! Que des croyances religieuses me compliquent la vie, fais ch... !!!" et la résignation "Ce sont des entreprises privées, elles font ce qu'elles veulent, il n'y a pas de quotas de vendeurs de porc.").

Sur ces considérations, je suis tombé début 2013 sur un numéro du journal "Le Point" qui titrait en première page "Viande : la nouvelle religion". Piqué par la curiosité, j'ai acheté le numéro et j'ai lu les articles sur le sujet. Entre autres articles, un qui parlait en termes très crus des réalités de l'abattage halal, et un autre qui faisait la pub du bouquin "No steack" de Aymeric Caron, paru récemment. De là, j'ai voulu en savoir plus, j'ai rapidement acheté le bouquin et... je me suis décidé tout de suite, mais j'ai mis plus de temps à le mettre en pratique (pas facile à faire avaler).

 

(1) http://michaelbluejay.com/veg/protein.html

(2) http://www.dailymotion.com/video/xertaj_abattage-rituel-halal-sans-etourdis_news#.UW2rWKKeNCw

(3) http://www.l214.com/

(4) http://www.amazon.fr/No-steak-Aymeric-Caron/dp/2213661537

(5) http://www.l214.com/abattage-rituel

(6) http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2508_abattage_Halal_Casher_souffrance_animale.php

(7) http://citrunch.over-blog.com/article-vies-successives-la-reincarnation-mais-sans-la-reincarnation-98195189.html

(8) http://citrunch.over-blog.com/article-laicite-ma-conception-109327974.html

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